dimanche 18 octobre 2009

Un conte oriental : le magicien et les moutons

[G.I. Gurdjieff Cité par P.I. Ouspensky, In Search of the Miraculous]


Un conte oriental : le magicien et les moutons
' Il y a un conte Oriental qui parle d'un très riche magicien qui avait un bon nombre de moutons. Mais en même temps ce magicien était très méchant. Il ne voulait pas embaucher de bergers, ni ne voulait ériger de barrière autour du pâturage où les moutons paissaient. En conséquence, les moutons vagabondaient souvent dans la forêt, tombaient dans des ravins et ainsi de suite, et surtout ils s'enfuyaient, parce qu'ils savaient que le magicien voulait leur chair et leur peau, et ils n'aimaient pas cela.

' Finalement le magicien trouva un remède. Il hypnotisa ces moutons et leur suggéra tout d'abord qu'ils étaient immortels et qu'il ne leur était fait aucun mal lorsqu'on les écorchait, qu'au contraire, cela leur ferait beaucoup de bien et serait très plaisant ; deuxièmement il leur suggéra que le magicien était un bon maître qui aimait ses troupeaux tellement qu'il était prêt à faire n'importe quoi au monde pour eux ; et en troisième il leur suggéra que si quoi que ce soit devait arriver, cela n'arriverait pas tout de suite et sûrement pas dans la journée, donc ils n'avaient pas besoin d'y penser. Au-delà de cela, le magicien suggéra à ses moutons qu'ils n'étaient pas du tout des moutons ; ils suggéra à certains d'entre eux qu'ils étaient des lions, à d'autres qu'ils étaient des aigles, à d'autres qu'ils étaient des hommes et à d'autres qu'il étaient des magiciens.

' Et après cela tous ses soucis et inquiétudes à propos des moutons prirent fin. Ils ne s'enfuirent plus jamais et attendirent calmement le moment où le magicien aurait besoin de leur chair et de leurs peaux.'


George Ivanovitch Gurdjieff (1877–1949)


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